Le Monde – Brésil : la logique du « sang pour sang »
La guerre des gangs, l’insécurité, la crise sociale et la corruption des partis politiques ont favorisé la popularité des méthodes prônées par les militaires et l’extrême droite.
Par Claire Gatinois (Natal, Rio Grande do Norte, envoyée spéciale)
Montre tape-à-l’œil, chaîne en or, regard de truand, mais rire d’enfant, Joao Miguel (le nom a été modifié), 23 ans, est un caïd. Sur son torse est tatoué « RN », signe de son appartenance au Sindicato do crime do Rio Grande do Norte (« Syndicat du crime du Rio Grande do Norte »), le gang né dans cet Etat du Nordeste brésilien. Vedette locale, le jeune homme a déjà tué trois membres du Primeiro comando da capital (« Premier commando de la capitale », PCC), bande rivale et plus grande organisation criminelle au Brésil. Sourire en coin, il atteste de ses prouesses en exhibant son biceps tatoué : un spectre y enlace trois croix. Ses trois meurtres.
A un âge où d’autres pensent à fonder une famille, Joao Miguel ne pense qu’à la mort. « S’ils me trouvent, je suis… [il mime une gorge coupée] Si je les croise, je les tue ! », résume-t-il, attablé dans un restaurant au dernier étage d’un centre commercial de Natal, capitale du Rio Grande do Norte, où il nous a donné rendez-vous.
Depuis l’explosion de cette guerre des gangs, les balles fusent. C’est une bataille sans merci, où celui qui n’est pas un « frère » est un « ennemi », abattu de sang-froid. Ces affrontements ont propulsé le Rio Grande do Norte en tête des Etats les plus violents du Brésil. Selon l’annuaire brésilien de la sécurité publique, 2 386 personnes y ont été victimes de mort violente en 2017. Un taux de 68 pour 100 000 habitants, soit un record dans ce pays où l’on tue toutes les dix minutes – des jeunes en majorité, noirs ou métis pour la plupart.
Joao Miguel est entré dans le « milieu » à 13 ans. De petits trafics en braquages, il empoche entre 10 000 et 15 000 reais (entre 2 000 et 3 000 euros au taux actuel) par mois, soit dix fois le salaire minimum. Assez pour une « belle vie » ponctuée de « fêtes et de whisky », jusqu’à un hold-up à main armée qui tourne mal. Joao Miguel a alors 18 ans, il est incarcéré au pénitencier d’Alcaçuz, à 25 kilomètres de Natal.
Le petit voleur y rencontre les gros bras du Sindicato RN, les plus redoutés et les plus admirés des taulards. D’abord réticent, le jeune homme se laisse séduire. Le « baptême » a lieu le 5 mai 2016, sans autre cérémonie que quelques traits de po (cocaïne), des applaudissements et beaucoup d’alcool, dans l’une des cellules du bâtiment n° 4, où sont enfermés les détenus étiquetés « RN ». Les « syndicalistes » ne sont situés qu’à quelques mètres des bâtiments n° 3 et n° 5 de la prison, réservés aux membres du PCC rival. Alcaçuz est une poudrière. Soudain, c’est le basculement dans la barbarie. Le 14 janvier 2017 sont découverts les corps de vingt-six prisonniers pendus, démembrés ou décapités : bilan de plusieurs jours d’affrontements entre le PCC et ses adversaires, et l’épilogue d’une série de massacres entamés le 1er janvier dans un pénitencier de l’Etat d’Amazonas, qui feront, au total, cent trente-trois morts.
Cœur et foie arrachés
« L’attaque a commencé à 16 h 20 », raconte Joao Miguel. Les gardiens, affolés, s’enfuient, laissant la boucherie s’opérer à l’intérieur de la prison. Au bout de trois jours, affamé, Joao Miguel abat un membre du PCC et lui arrache le cœur et le foie qu’il dévore. « Par vengeance, dit-il crânement. Et par faim. »
La rébellion, filmée par des détenus, a mis le pays en état de choc, dévoilant l’incurie de l’Etat et l’indigence de ses prisons, fabriques de monstres où s’entassent les reclus de la société. Pour l’année 2017, le ministère de la justice chiffrait à 726 712 le nombre de prisonniers pour 358 663 places : un taux d’occupation de 197,4 %.
Au lendemain du carnage, Robinson Faria, élu gouverneur de l’Etat sous l’étiquette du Parti social-démocratique (PSD, affilié à la droite) en 2014, a perdu tout crédit. La disgrâce de celui qui s’était autoproclamé « gouverneur de la sécurité » s’accompagne d’une radicalisation de la population, lassée et écœurée. « Il y a eu une montée du discours de haine, d’incitation à la violence », note Ivenio Hermes, ex-policier à la tête de l’Observatoire de la violence létale intentionnelle du Rio Grande do Norte (Obvio).
Intervention militaire en cas d’anarchie
A l’approche des élections générales, dont le premier tour est prévu le 7 octobre, Robinson Faria a peu de chance de l’emporter. L’élu est devenu inaudible, face à des adversaires qui rivalisent de propositions-chocs, promettant de réussir là où il a échoué.
Le plus radical, Hero Bezerra du Parti rénovateur travailliste brésilien (PRTB), défenseur de « la patrie et de la famille », s’affiche dans ses clips de campagne avec le général Hamilton Mourao, connu pour avoir évoqué une éventuelle intervention militaire en cas d’anarchie, et son compère Jair Bolsonaro, le candidat d’extrême droite à la présidentielle, dont la popularité s’envole.
Cet ex-capitaine d’infanterie, qui encense l’uniforme et n’hésite pas à louer la dictature militaire (1964-1985), s’est hissé en tête des sondages avec 28 % d’intentions de vote. Une popularité dopée par un programme sécuritaire offrant des réponses simples à un problème compliqué : la libéralisation du port d’arme, la réduction de la majorité pénale à 16 ans, l’amnistie pour les policiers coupables de crime, ou encore la fin des aménagements de peine. Selon lui, une corrélation directe existe entre la violence dans le Nordeste et la présence de gouvernements socialistes.
Dans le Rio Grande do Norte, où Luiz Inácio Lula da Silva, « Lula », enfant chéri du pays, avait été élu haut la main en 2002, Jair Bolsonaro n’est certes pas le favori. Mais son ascension jusque dans ce sertao désertique, fief de la gauche, confirme le malaise d’un pays où l’on ne se sent plus en sécurité.
Selon une étude réalisée en juillet par l’institut RealTime Big Data pour la chaîne de télévision RecordTV, 85 % des électeurs brésiliens se disent « très préoccupés » par la violence. Le sujet devance de loin le chômage, l’inflation et même la corruption. Face à ce fléau, les Brésiliens attendent une démonstration d’autorité. La moitié de la population approuve l’adage « bandido bom é bandido morto » (« un bon bandit est un bandit mort »), et 54 % pensent que la prison, quel que soit le délit, est la meilleure option pour combattre la délinquance et le crime, révèle un sondage Ibope du 7 mars.
« Depuis des années déjà, le Brésil est préoccupé par la violence et recherche une solution radicale. Mais, jusqu’à ce que surgisse Jair Bolsonaro, personne n’incarnait franchement ces idées », souligne Homero Costa, professeur de sciences politiques à l’université fédérale de Rio Grande do Norte. Opportuniste, décomplexé, Bolsonaro, capitaine de réserve de 63 ans, jusqu’ici politicien de seconde zone, a capté la lumière quand les affaires de pots-de-vin et l’usure du pouvoir jetaient l’opprobre sur les partis traditionnels. Son uniforme militaire lui a conféré une stature avantageuse : 78 % des Brésiliens disent avoir confiance dans les forces armées, quand 68 % se méfient des partis politiques et 67 % du Congrès, selon une enquête Datafolha du mois de juin.
« Depuis des années déjà, le Brésil est préoccupé par la violence et recherche une solution radicale »
Trente ans après la dictature, l’armée, encensée par Jair Bolsonaro, doit en partie son prestige à la répétition d’opérations « coups de poing » contre la violence : l’image d’une force déployée quand rien ne va plus. A l’instar de l’intervention décrétée, en février, à Rio de Janeiro, pour tenter d’enrayer les tueries, et des renforts militaires appelés à Rio Grande do Norte, en décembre 2017, au nom de la « garantie de la loi et de l’ordre »
Dans un pays au bord du gouffre, l’armée apparaît comme un refuge, et l’ordre le but recherché. « Sans ordre, pas de progrès ! », assure Luis Mauro Albuquerque Araujo, nouveau secrétaire local de l’administration pénitentiaire d’Alcaçuz, reprenant à sa manière la devise positiviste du Brésil : « Ordre et progrès ». Arrivé à Natal, en janvier, pour redonner à la prison, symbole de toutes les dérives, des allures de pénitencier « normal », l’homme affirme avoir repris « le contrôle total » des lieux. A ses côtés nous visitons le bâtiment n° 3 a remis à neuf : les peintures sont fraîches, les cellules ont des barreaux, les gardiens sont présents vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Des méthodes américaines
Il est un peu plus de 9 heures quand les prisonniers, nus, défilent pour l’inspection, avant de se rendre dans la cour pour leurs deux heures de promenade quotidienne. « Notre politique, c’est “zéro contact” », explique M. Albuquerque Araujo. Tenus à distance des matons, les détenus n’ont pas davantage le droit de toucher aux barreaux de leurs cellules, sur lesquels ils avaient l’habitude d’uriner pour en accélérer l’érosion. « Maintenant, les gangs ne sont plus séparés. Pour éviter les guerres, il suffit d’être là et de surveiller », affirme-t-il, avec orgueil.
En copiant des méthodes américaines, Alcaçuz promet désormais d’être un pénitencier « modèle », dont les prisonniers, incités à se convertir à la religion évangélique, doivent repartir avec un emploi. « Ici, c’est comme à l’école : respect, discipline et règlement », conclut notre guide, certain que la répression est le meilleur instrument pour combattre le crime.
« Luis Mauro Albuquerque Araujo doit être un cousin d’Hitler », persifle Newton Albuquerque, trafiquant repenti. L’homme, qui a passé dix ans entre Alcaçuz et des quartiers de haute sécurité pour avoir transporté 450 kilos de cocaïne et de crack, raconte les humiliations infligées par ce chef aux méthodes radicales. « Il ne considère pas les prisonniers comme des êtres humains », dit l’ancien détenu, évangélique qui entreprend de devenir écrivain en publiant ses Mémoires, récit de sa descente aux enfers. A l’en croire, en dépit de l’assurance de M. Albuquerque Araujo, d’autres massacres sont à prévoir à Alcaçuz, et dans les autres centres de détention restés insalubres où prolifère la tuberculose.
Les prisons, « écoles du crime »
Bases arrière du recrutement des gangs, les prisons sont de véritables « écoles du crime ». Paradoxalement, elles restent le principal outil de lutte contre le banditisme. Le Brésil est le quatrième pays ayant le plus grand taux d’incarcérations, souligne ainsi un rapport de l’Institut de recherche économique appliquée, daté de 2015. Non seulement la stratégie est coûteuse, mais elle paraît inefficace au vu de l’escalade ininterrompue des homicides.
A la mi-septembre, cette guérilla criminelle a fait une nouvelle victime à Natal. Il est un peu plus de 14 heures quand la police nous convie à suivre ce qu’elle qualifie d’« opération de routine ». Un homme a été abattu en pleine rue. Keryson Atila Cassiano a reçu quatre balles dans le ventre, une dans la poitrine et une autre au niveau de l’épaule, lors d’une rafale tirée par deux hommes à moto. « Personne n’a rien vu, comme d’habitude », confie un enquêteur. Le jeune homme de 22 ans, recouvert d’un linge, gît sur le trottoir dans le bas de la rue Potengi, dans le quartier Das Quintas, l’un des faubourgs décatis de Natal. Il se dit que Kerysson avait une dette envers l’un des deux gangs. L’assassinat aurait été commandité pour un poignée de reais. Une mort ordinaire dans la région.
Ici, tout le monde, ou presque, connaît ou connaîtra un proche tombé sous les balles. Serveur dans le quartier bourgeois de Ponta Negra, Mateus Douglas Souza Franca, 21 ans, a ainsi vu disparaître dix amis d’enfance. « Il y a des morts tout le temps. On dit que c’est la drogue, mais, en réalité, on ne sait plus », déclare-t-il. Mickaela Barbosa de Lima, 16 ans et déjà mère d’un enfant d’un an et demi, vient, elle, d’enterrer son mari, âgé de 19 ans, dont le corps troué par un fusil a été retrouvé devant la cabane de son père, vendeur d’eau de coco. « Je suis en colère contre ceux qui ont fait ça et contre l’Etat qui ne nous protège pas. Mon mari n’avait rien à voir avec le trafic ! », jure la jeune veuve, peau sombre et regard perdu.
Natal, autrefois tranquille
Au cœur des terres arides d’un Nordeste délaissé par Brasilia, Natal était autrefois réputée pour sa tranquillité et ses plages bercées par les vents de l’Atlantique. « En 2008, c’était un paradis ici ! », affirme Ivenio Hermes, de l’Observatoire de la violence de Rio Grande do Norte. On tuait pourtant déjà, et beaucoup. En 2003, l’Obvio recensait 409 homicides dans l’Etat. Plus d’un meurtre par jour.
« Les gens ont la gâchette facile », explique l’ancien policier. Dans ce « Far West do Brasil », on flingue pour une voiture volée, une bagarre de voisinage, une vengeance, une tromperie ou un divorce. En 2017, 149 femmes ont été victimes d’homicide, mais seuls ving-trois cas ont été classés « féminicides ». « La drogue sert souvent de fourre-tout pour qualifier des crimes dont on ne retrouvera pas l’auteur », constate le directeur de l’Obvio.
En dépit de l’estatuto do desarmamento, la loi interdisant le port d’arme depuis 2003, la plupart des habitants possèdent un fusil ou un revolver qu’ils n’hésitent pas à dégainer. En 2017, l’Etat a saisi pas moins de 961 armes illégales.
Rodrigo Pereira Moriyama, 42 ans, au chômage, a chez lui un pistolet et ne s’en cache pas. « J’ai été élevé comme ça. Mon père avait une arme, ma mère aussi, dit-il. Avant on pouvait les acheter au marché. Aujourd’hui, c’est un peu plus compliqué, mais il y a des réseaux. On demande aux policiers. Les gens en veulent à cause de toutes ces agressions. »
Débordée, impuissante, la police assiste à cette violence délirante pendant que la crise, le gaspillage et la corruption siphonnent les caisses de l’Etat
Le quadragénaire, issu de la petite bourgeoisie, a un temps été séduit par Jair Bolsonaro et sa promesse de revenir sur l’estatuto do desarmamento. Puis, s’est ravisé. « Donner des armes à tout le monde, c’est un peu dangereux », admet-il. Rodrigo, lui, préférerait que seuls ceux qui savent s’en servir puissent posséder un pistolet. Le quadragénaire s’inclut visiblement dans le lot et confie qu’il y a cinq ans il n’a pas hésité à braquer son revolver sur un cambrioleur. Il était prêt à appuyer sur la détente quand les policiers sont arrivés. « Ils m’ont dit que j’avais eu tort de ne pas le faire. Que j’aurais dû le tuer. Ils ne savaient plus quoi en faire ! », dit-il en riant.
Débordée, impuissante, la police assiste à cette violence délirante pendant que la crise, le gaspillage et la corruption siphonnent les caisses de l’Etat. En 2017, les budgets asséchés ne permettaient même plus de payer les forces de l’ordre du Rio Grande do Norte.
« Ce n’est pas seulement la crise. Le gouvernement ne veut pas que ça marche », accuse Nilton Arruda, du syndicat des policiers du Rio Grande do Norte. Ici comme ailleurs, les barons de la drogue sont soupçonnés de laver leur argent avec l’appui de partis politiques, bénéficiant ainsi d’une complaisance coupable. « Les enquêtes n’aboutissent pas, les inspecteurs sont en sous-nombre. On n’investit rien dans les structures technologiques. Nous n’avons ni fichiers ADN ni empreintes digitales », énumère M. Arruda. « Les gouvernements n’investissent que dans une police ostentatoire », enrage le syndicaliste.
Cette police, qui se veut visible pour les électeurs avides de sécurité, circule à bord de camions blindés, où les militaires arborent gilets pare-balles et armes de guerre. Présentées comme les défenseurs du bien contre le mal, au risque de les comparer à des super-héros, ces recrues, sous-payées (le salaire de base avoisine 3 000 reais mensuels, soit 630 euros), souvent corrompues et confrontées à des situations de stress extrême, sont davantage formées pour faire la guerre que pour protéger le citoyen et leurs exactions font régulièrement les gros titres des journaux. Selon le moniteur de la violence, publié par le site G1 du groupe de médias Globo, la police a tué 5 012 personnes en 2017 dans le pays, dont 139 dans le Rio Grande do Norte.
Ces « policiers tueurs » – eux aussi fréquemment assassinés – contribuent à entretenir la rage des gangs assoiffés de vengeance, qui bénéficient souvent de la sympathie des habitants des favelas. Une logique du « sang pour sang », à laquelle des brigades secrètes répondent par d’autres représailles – des chacinas, des « tueries » visant les assassins de policiers. « Nous avons nous-mêmes produit des bombes humaines », estime Bruno Paes Manso, chercheur au Centre d’études de la violence à l’université de Sao Paulo.
Cette spirale infernale est dénoncée par la presse, sans toutefois modifier une logique policière qui, jusqu’ici, n’a pas été couronnée de succès. « Notre police cherche à rétablir l’ordre. Mais il n’y a pas d’organisation, pas d’objectifs, pas de priorités », déplore Isabel Figueiredo, ancienne secrétaire adjointe à la sécurité publique de Brasilia, aujourd’hui consultante au Forum brésilien de sécurité publique.
« Les morts ne sont pas si graves quand il s’agit de trafiquants »
De fait, c’est un peu au hasard que les troupes de choc, considérées comme l’élite des forces de l’ordre, patrouillent chaque jour en tenue de combat dans les « zones rouges » de Natal. La nuit tombait sur la favela de Passo da Patria, quand nous avons accompagné l’un de ces bataillons. Après une arrivée anticipée par des explosions de pétards, signal d’alerte lancé par les trafiquants, les militaires réputés pour leurs méthodes brutales interpellent les « individus à l’allure louche », des jeunes désœuvrés qui traînent dans le quartier. Le lendemain, ils tuaient un trafiquant. « Il y a eu des protestations, des pneus brûlés dans la favela. Mais, aux yeux du reste de la population, les morts ne sont pas si graves quand il s’agit de trafiquants », confie une reporter locale.
Ces morts inutiles et insensées ne sont pas la seule explication de l’ascension du candidat d’extrême droite, Jair Bolsonaro. Mais, couplées au sentiment d’insécurité qu’elles génèrent, elles ont assurément porté le discours guerrier de l’ancien capitaine d’infanterie. « L’histoire des vingt dernières années montre que la démocratie peut mourir, sans qu’il y ait nécessairement de coup d’Etat ou de suppression d’élections. Elle meurt quand des groupes et leaders politiques profitent de la rancœur et de la peur du peuple pour l’asphyxier », écrivait, en avril, dans une tribune au quotidien Estado de Sao Paulo, l’ancien chef d’Etat Fernando Henrique Cardoso. A l’époque, Jair Bolsonaro perçait dans les sondages avec 15 % d’intentions de vote. Il a, depuis, été porté par la haine d’un électorat anti-Lula et acquis un statut de « martyr » après une attaque au couteau, le 6 septembre, qui faillit lui coûter la vie. L’ex-capitaine au discours belliqueux et simpliste a fait de la violence un problème et une solution, une tragédie et un remède.
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